Transition des filières de la viande : l’équilibre fragile entre durabilité et compétitivité
Réduire la consommation moyenne de viande est possible sans compromettre les filières, à condition de faire évoluer conjointement l’offre et la demande vers des pratiques plus durables, proposent deux instituts.
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L’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) et Institut de l’économie pour le climat (I4CE) ont publié le 3 février 2025 le deuxième volet de leur projet relatif à la transition des filières du porc, du bœuf, et de la volaille. Baptisé TRAMe2035, ce nouveau rapport vise à analyser les conditions d’une « transition juste du secteur des viandes françaises, répondant à la fois aux enjeux environnementaux, centraux notamment pour la capacité de production agricole à long terme, et aux enjeux socio-économiques des éleveurs, des salariés des industries des viandes et des consommateurs », expliquent les auteurs.
Préserver la production intérieure
Au regard de la baisse de la production française, et de la consommation stable, « réduire cette dernière permettrait a priori de gagner en souveraineté », soutient le document. Mais les filières de la volaille, du porc et du bœuf, à l’épreuve de la concurrence européenne et internationale, accusent des déficits de compétitivité. Cela crée un double phénomène de baisse de la production et de hausse des importations plus ou moins marqué selon les secteurs. Dans ce contexte, une baisse de la consommation de viande pourrait donc aggraver la situation, en affectant la production française, plutôt que les importations.
Pour éviter ce phénomène, et inciter les éleveurs et industriels à investir dans une production plus durable, l’Iddri et I4CE proposent d’accompagner les filières avec une série de mesures. Ils appellent notamment à encourager les pratiques d’élevage plus durables, respectueuses de l’environnement et du bien-être animal. Il faut selon eux « poursuivre les progrès déjà réalisés en matière de durabilité environnementale, autour de la maîtrise du chargement des prairies, de l’amélioration des indices de consommation, de gestion de déjection, etc. ». Les auteurs du rapport insistent également sur l’amélioration qualitative de l’offre, accompagnée d’une valorisation des efforts des producteurs, notamment via l’origine France.
Associer les acteurs
Contacté par La France Agricole, l’Iddri rappelle que le scénario tendanciel présenté en juillet 2024, en présence des représentants des interprofessions et des instituts techniques, a mis en lumière une amplification du décrochage entre l’offre et la demande au sein des filières. Si la profession partage ce diagnostic, elle n’adhère pas au discours sur la baisse de consommation et propose plutôt d’encourager une relance de l’offre.
L’Association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes (Interbev), a d’ailleurs réagi dès la publication du rapport, jugeant l’étude « réductrice, voire stigmatisante », estimant que « limiter la transition des régimes alimentaires à une baisse généralisée de la consommation de viande est un non-sens qui ne tient pas compte des enjeux globaux de l’élevage ». Selon elle, les propositions de l’Iddri risquent de doper les importations, et pourraient accélérer la réduction du cheptel bovin herbager.
Une troisième publication est prévue à la fin de 2025, qui combinera les enseignements du volet tendanciel avec ceux du scénario TRAMe2035. Elle proposera trois scenarios pour sortir des impasses du scénario tendanciel. Comme pour les deux précédentes études, les travaux en cours seront discutés avec les interprofessions avant publication, précise l’Iddri.
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